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Challenge Cup - "Bienvenue chez les Sowakula" : reportage chez le couple néo-zélandais de Clermont, Pita-Gus Sowakula et Toka Natua

  • Challenge Cup - Toka Natua, internationale néo-zélandaise, et Pita-Gus Sowakula, All Black de Clermont, nous ont ouvert leurs portes.
    Challenge Cup - Toka Natua, internationale néo-zélandaise, et Pita-Gus Sowakula, All Black de Clermont, nous ont ouvert leurs portes. Clément Labonne
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Installés à Clermont depuis quatre mois, Pita-Gus Sowakula et Toka Natua nous ont ouvert les portes de leur domicile. Entre adaptation aux coutumes françaises et changement de vie radicale, le couple semble vivre en harmonie en Auvergne.

Une maison toute en bois, des cris d’une petite fille, une voiture estampillée « Yellow Army » devant la boîte aux lettres. Pita-Gus Sowakula et Toka Natua vivent paisiblement au milieu de ce quartier pavillonnaire de Cébazat (Puy-de-Dôme), à quelques kilomètres de Clermont-Ferrand. À l’intérieur, les jouets de Lavenia, leur fille de deux ans, parsèment le carrelage du cocon des deux Néo-Zélandais, soutenant également une guitare. "Elle est rangée dans sa housse mais je l’utilise souvent, la musique est ma deuxième passion après le rugby. Quand on reçoit du monde à la maison, et notamment les Fidjiens, j’en joue presque à chaque fois en chantant !" sourit Pita-Gus Sowakula, devant sa fille tenue sur les genoux de sa femme. "Elle a le caractère de ma sœur et de la grand-mère de Pita ! Mais elle se rapproche un peu plus de Pita, elle est très souriante et elle fait tout le temps des blagues, même si elle peut être bruyante certaines fois ! » affirme la maman. Au calme, malgré tout, le « couple-rugby" s’acclimate semaine après semaine à sa nouvelle vie en Auvergne. "Je dois être à la salle musculation de l’ASM à 8 heures du matin, donc je me réveille avant ma compagne et ma fille, et je leur prépare souvent le petit-déjeuner" poursuit PGS. "Et le soir, j’ai entraînement avec les filles de Romagnat, alors il fait souvent la cuisine. Son plat préféré est le poulet avec du riz, ou du cochon, mais je dois admettre qu’il ne cuisine pas trop mal !" plaisante Toka Natua. Ensemble, les deux Néo-Zélandais trouvent leurs marques quatre mois après leur installation définitive aux portes de Clermont-Ferrand.

Sowakula a débarqué au milieu des volcans en octobre dernier, en provenance des Waikato Chiefs, alors que la pilier de l’ASM-Romagnat n’est arrivée qu’en décembre. Une période de deux mois marquée par le choc climatique du premier, et l’organisation millimétrée de la seconde. "Ma compagne et ma fille me manquaient beaucoup, surtout lorsque j’étais dans un petit appartement durant les deux premières semaines, mais dès que j’ai eu la maison j’allais mieux. Je me projetais davantage avec elles, et le temps se rapprochait. J’ai également passé l’anniversaire de Lavenia et le mien seul à Clermont, en plus il faisait un peu froid (rires), je mettais deux ou trois vestes pour me motiver à aller m’entraîner !" souffle le féroce numéro 8. "Pour moi, c’était plus facile parce que j’avais toute ma famille et notre fille en Nouvelle-Zélande. J’étais vraiment très concentrée pour faire le déménagement et emballer nos affaires. Cela m’a beaucoup occupé l’esprit mais on savait que ce n’était qu’une attente de deux mois et que tout serait plus simple en arrivant à Clermont" se rappelle l’ancienne graphiste.

Pita-Gus Sowakula, aux côtés de sa fille, Lavenia.
Pita-Gus Sowakula, aux côtés de sa fille, Lavenia. Clément Labonne

Toka ? C’est la cheffe de la maison, elle dirige tout !

L’annonce de la signature du couple international avait de quoi surprendre. Le 12 décembre 2022, Clermont annonçait la double venue de Toka Natua, 21 sélections avec la Nouvelle-Zélande, et Pita-Gus Sowakula, deux capes avec les All Blacks. Bien avant l’officialisation, le puissant troisième ligne avait mis un point d’honneur à venir avec sa femme, et qu’elle puisse jouer avec les championnes de France 2021. Un an et demi après les premiers contacts, Toka Natua raconte le cheminement du deal. "Pita était très content de recevoir cette opportunité parce qu’il connaissait déjà Peceli Yato et Jono Gibbes à l’époque. Avec Jono, ils s’étaient connus à Waikato, tout à commencé de là en fait, et de mon côté, j’avais tout accompli en Nouvelle-Zélande en tant que joueuse de rugby. Je voulais vivre une nouvelle aventure avec Pita. Mais le fait de quitter ma famille était sans doute la chose la plus dure de notre départ" se rappelle la championne du monde 2017. "Lors des négociations, l’ASM m’a demandé si Toka voulait toujours jouer, je leur ai dit : “bien sûr, est-ce que vous pouvez l’intégrer à l’équipe de Romagnat ?” et cela s’est fait comme ça".

 l’inverse de beaucoup de ses coéquipières, la Néo-Zélandaise ne travaille pas à côté du rugby et "admire" celles qui doivent jongler entre le ballon ovale et le boulot. En étant pleinement focalisée sur sa carrière sportive, l’ancienne joueuse de Waikato s’occupe davantage de Lavenia tout en donnant les directives au sein du foyer. "Toka est la cheffe du couple, elle dirige tout ! Elle me dit toujours quoi faire dans la maison ou avec la petite, elle est très directive !" sourit le colosse à l’éternel sourire, qui apprécie plus que tout sa nouvelle vie dans le Puy-de-Dôme. "Madame" Sowakula liste les différences par rapport à leur ancienne habitation, au pays du long nuage blanc "C’est beaucoup plus calme ici, en Nouvelle-Zélande il y avait des bagarres, des personnes en voitures qui faisaient crisser leurs pneus et des gens qui criaient quasiment chaque nuit. En plus nous vivions avec mes parents donc il y avait beaucoup de bruit même au sein de la maison (rires)".

Toka Natua avait marqué un essai en finale de la Coupe du monde 2017, face à l'Angleterre.
Toka Natua avait marqué un essai en finale de la Coupe du monde 2017, face à l'Angleterre. PA Images / Icon Sport - Brian Lawless

Une intégration rugbystique à compléter

Et le rugby, au milieu de la tranquillité auvergnate ? La pilier et le numéro 8 ont le point commun de s’intégrer doucement mais sûrement dans leurs clubs respectifs. S’il a joué dès le mois de novembre, face à Bayonne, Pita-Gus Sowakula a été freiné par la règle des Jiff et le niveau de jeu toujours aussi surprenant de Fritz Lee. Mais depuis le début de l'année 2024, "PGS" joue davantage et monte en régime semaine après semaine. L’ancien Chief de Waikato doit surtout s’adapter à un rugby plus âpre, systémique et rempli de stratégie. "J’étais habitué à avoir plus d’espaces en Nouvelle-Zélande et à jouer un peu plus avec de l’instinct. Ici c’est beaucoup plus direct, on doit faire nos tâches, le plan de jeu est très strict, j’ai parfois du mal à rester focalisé sur notre stratégie en match. Mais je m’adapte !". Élu homme du match face aux Cheetahs, en huitième de finale de Challenge Cup, le Néo-Zélandais a reçu les louanges de sa compagne… qui reste toutefois perfectionniste.

"Il a fait un bon match, mais il aurait pu éviter quelques en-avant pour encore faire mieux ! On discute de nos matchs les week-ends parce que le rugby est notre vie, mais on ne tient pas des carnets avec des statistiques comme nos entraîneurs (rires)". Toka Natua a, elle, été plongée dans le grand bain dès le mois de janvier suite à des blessures au poste de pilier. Un baptême du feu plutôt réussi, à Montpellier, même si elle admet avoir été loin de son niveau international. "Je n'étais vraiment pas en forme, je ne m'attendais pas à jouer si tôt mais le match s’est bien déroulé, je pense avoir bien respecter les consignes des coachs. Je continue d’être de plus en plus en forme. Mais c’est drôle parce qu’à l’entraînement certaines filles me disent “Toka, pas trop fort s’il te plaît !” donc je pense que je monte en puissance !"

Pita-Gus Sowakula a excellé en Champions Cup, notamment en phase finale face aux Cheetahs et à l'Ulster.
Pita-Gus Sowakula a excellé en Champions Cup, notamment en phase finale face aux Cheetahs et à l'Ulster. Icon Sport - Baptiste Fernandez

J’irais courir au Puy-de-Dôme cet été, Christophe (Urios) sera content !

Le couple international profitera de la fin de saison, mais surtout de la pause estivale pour peaufiner son intégration. Entre fin juin et début septembre, le couple international a d’ailleurs prévu de visiter les volcans d’Auvergne pour s’oxygèner avant sa deuxième saison en jaune et bleu. "Je ne les ai pas encore visité mais je compte y aller cet été. J’irai courir là-bas, Christophe (Urios) sera content, ce sera bon pour la préparation physique (rires) !". Autre défi de taille : l’adaptation à la culture française et à ses habitants. "Depuis qu’on est à Clermont, le quartier est très calme et les voisins sont adorables avec nous ils nous demandent souvent si on a besoin d’aide". Pour s’intégrer plus rapidement, Pita-Gus Sowakula convie souvent ses coéquipiers d’origine fidjienne (Peceli Yato, Viliame Tutuvuli, Alivereti Raka) pour partager des moments précieux, autour du fameux kava, la boisson traditionnelle du pays. "C’est très important pour nous. On se crée une petite communauté un peu comme les Argentins ou les Australiens à Clermont, on parle fidjien à ces moments-là, la compagne de Peceli garde d’ailleurs notre fille quelques fois les week-ends, c’est vraiment appréciable". Si le couple a encore du mal à manier la langue de Molière, les deux Néo-Zélandais tentent en priorité de comprendre leurs staffs, et de s’adapter aux coutumes françaises.

"J’arrive de plus en plus à comprendre Christophe (Urios), surtout quand il s’énerve ! Il n’y a pas besoin de beaucoup d’explications (rires), mais heureusement il nous parle un peu anglais pour aider à la compréhension quand c’est plus calme" sourit "PGS", rejoint par sa compagne. "J’adore mon équipe, les filles sont si accueillantes, même si je dois encore m’habituer au fait de se dire bonjour individuellement. En Nouvelle-Zélande on crie juste “salut !” à tout le monde et c’est bon ! Ici, chacune se fait la bise ou se serre la main, cela a vraiment été un choc culturel au début, mais je m’adapte semaine après semaine !". À l’arrière de la maison du couple Natua-Sowakula, des planches de bois neuves sont prêtes à être installées, pour changer la façade. "On attend encore un peu avant de les poser, certaines parties de la façade sont usées, et on veut vraiment se sentir bien chez nous" explique le colosse clermontois. De quoi rester sur le long terme en terre arverne ? "Les contrats sont tellement courts en rugby qu’on ne peut rien prévoir sur dix ou quinze ans, mais pourquoi pas !".

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Les commentaires (3)
Avdemuret Il y a 15 jours Le 01/05/2024 à 16:33

Bienvenue à ce sympathique couple bien loin de chez lui. Souvent les îliens du bout du monde ont du mal à s'adapter à ces cultures européennes, très différentes, leur salue votent souvent des nombreux joueurs de l' hémisphère, sud présent dans tous les clubs avec lequel ils refont un semblant de clan familial .

bleuetrouge Il y a 16 jours Le 01/05/2024 à 10:29

je pense qu'il est encore en "rodage"...ça va faire très mal quand il va être bien rodé !!!

Mino2363 Il y a 16 jours Le 01/05/2024 à 08:23

C'est un bel exemple d'intégration. Il ne lui manque plus qu'à parler le bougnat couramment !